C’est une lettre ouverte au sujet d’une grande dame, peut-être en poste restante. Une lettre qui espère trouver des destinataires dans le monde dématérialisé de la nuit numérique . Une lettre qui caresse le fol espoir de ne pas rester lettre morte. C’est aussi la chronique d’une mort annoncée. Il y a de la poésie, de la nostalgie dans la peinture de celle qui s’était investie d’une mission de service public. Mais le constat est là : évident, implacable, elle est atteinte d’un mal qui la ronge, un fléau dogmatique et hégémonique nommé libéralisation arc-bouté sur le totem de la concurrence libre et non faussée qui la contraint à se déshumaniser et à renoncer à son rôle social. Elle est désormais empêchée dans sa contribution à la promotion de l’écrit au sein de notre société Si bien qu’aujourd’hui, nul ne sait plus qu’il y a des battements de coeur sous les enveloppes. La poste, puisqu’il s’agit d’elle ou du moins ce qui l’en reste depuis la pandémie de réformite qui ne cesse de la miner, essaye de résister malgré son abandon à la direction de technocrates en route libre. Il est loin l’esprit de l’Aérospostale, celui des visionnaires, des capitaines d’industrie et et des aventuriers. Mais que sont nos bureaux de poste devenus ? Grandeur et décadence de la poste, tel est le propos de Christian Authier qui nous livre avec humour, colère et pertinence une analyse très documentée sur l’évolution de cette institution et sur le rôle fondamental de l’écrit dans la société dans son dernier ouvrage intitulé "Poste Restante" paru chez Flammarion en 2023